Je suis Sébastien Bourbousson, le fondateur d’Ecovélo, une start-up qui conçoit des vélos en libre-service avec une régie publicitaire adossée pour mettre les entreprises et collectivités autour d’une table commune. Je suis ingénieur de formation et entrepreneur depuis 14 ans.
Au début du confinement « covid-19 », nous n’avons pas voulu y croire, ou du moins nous pensions que ça n’allait pas durer plus de 2 semaines.
Très vite, nous avons changé d’attitude et sommes passés en mode « sauve qui peut », pour prendre la mesure du problème et en tirer tous les enseignements sans attendre. L’activité a repris désormais, presque comme avant. Cette période a été une « crise » de plus à l’échelle de l’entrepreneuriat, j’ai gardé ma confiance habituelle et me suis dit que l’avantage, cette fois-ci, c’est qu’elle touchait tout le monde… un peu cynique mais honnête. Comme nous venions de boucler un tour de table fin mars 2020, nous nous sentions bien armés pour faire face. Du coup, le confinement a été un moment rarissime dans ma vie où j’ai réussi à me poser (un peu…), j’ai profité de ma famille, et j’ai respiré un grand coup en prenant beaucoup de recul. L’impression d’être un privilégié par-dessus tout : en bonne santé, entouré de mes proches, et à la tête d’une entreprise qui attaque un marché très porteur (le vélo…).
Il est tôt pour tirer des enseignements de cette période. Je me hasarderais quand même à dire que pour avoir une entreprise résiliante, il faut construire son business sur des leviers économiques sains et durables (le vélo en fait partie !). Les décisions les plus dures à prendre sont souvent celles qui n’ont pas d’effet immédiat et peuvent parfois passer pour de l’idéalisme. Au final, en ayant choisi un projet porteur de sens, bon pour la santé, l’économie et l’environnement, même si ce n’était pas la voie la plus « lucrative », je suis heureux d’avoir porté cette ambition et d’en tirer certains avantages désormais.
Y-aurait-t-il un monde d’« avant » et d’« après » covid-19 ? Oui et non. Même si tout le monde essaie de se convaincre que cette crise va permettre de changer les choses, d’accélérer la transition énergétique, et de repenser notre modèle de consommation, j’ai l’impression que ce n’est pas le cas. La situation économique va être tellement dégradée que les pires attitudes pourront encore mieux se justifier (polluer, licencier…). Les bons projets sont des bons projets, ils le resteront. L’innovation va en prendre un coup, ou du moins certains projets « originaux » n’auront pas la confiance nécessaire au démarrage. L’innovation va se concentrer sur les secteurs d’évidence : santé, transport, restauration, hôtellerie, numérisation des interactions… Ce qui me dérange le plus, si l’on parle d’entrepreneuriat, c’est le nombre d’initiatives qui vont mourir. C’est déjà tellement difficile d’entreprendre, et là, ce sont des vies de dirigeants ultra-investis et parfois « à la limite de la rupture » qui vont s’arrêter. J’ai peur pour eux ; on dira ce qu’on voudra, même s’il faut être prêt à tout quand on veut créer son entreprise, il y a quand même des choses auxquelles personne n’est préparé et cet effet « loterie » n’est pas juste. J’espère qu’ils garderont confiance dans la suite de leur histoire, l’économie a besoin d’eux.