Parole libre de Dorothée Barth, Co-fondatrice de Jho

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Dorothée Barth

Passer le cap de la crise, se remettre à l’ouvrage, reprendre une vie quasi normale mais sans oublier de tirer les leçons de  cet épisode inédit. Avec Le Palace, l’agence Nantes Saint-Nazaire Développement et Maddyness, nous avons voulu donner la parole aux hommes et aux femmes qui entreprennent pour sonder leurs visions et interrogations face à un contexte plus incertain que jamais. Dix tribunes libres sans figure imposée, pour prendre le temps de penser et de s’exprimer sur ce “nouveau” monde d’aujourd’hui.

ll y a eu la surprise, d’abord : WHAT ?? Notre petite vie boulot-dodo-enfants-loisirs peut s’arrêter comme ça, pof, en 30 minutes d’allocution présidentielle ? Ah ok.

La crainte ensuite, teintée d’incrédulité : crainte que Jho s’arrête, crainte du chômage pour moi ou mon mari, crainte pour nos 3 enfants (qu’est-ce qu’ils vont devenir sans leurs copains ?? Et qu’est-ce qu’on va en faire ??). Et puis, au fil des jours, en regardant pousser les bourgeons dans mon jardin pendant mes pauses café, l’idée a fait son chemin que cette période, si elle n’était en effet qu’une parenthèse, pouvait devenir une opportunité (du point de vue d’une entrepreneure qui a eu de la chance, car l’activité de Jho a continué normalement pendant le confinement).

L’opportunité de DORMIR déjà : les deux première semaines, le télétravail m’a permis de faire 2 siestes par jour (oui, 2). Et de constater que j’avais un rythme quotidien de dingue entre le boulot, les enfants, les TGV pour Paris, les sorties entre copains… A revoir, donc.

L’opportunité de (re)découvrir mon équipe aussi, et de nous prouver, si c’était nécessaire, qu’ensemble, rien n’est impossible : sortir des nouveaux produits et réaliser une pub télé en plein covid, we did it ! Malgré la distance et le télétravail avec les enfants sur les genoux pendant les meetings du matin : 5 personnes super engagées, bosseuses, de bonne humeur (ah les visio déguisées du vendredi !).

L’opportunité, enfin, de s’autoriser un appel d’air : si le système capitaliste global qui s’est mis en place sur des siècles, et pour lequel on court toute notre vie, peut vaciller à ce point en quelques semaines à cause d’un si petit virus, alors…. Ne serait-ce pas le signe que tout est possible ? Que peut-être, on peut s’affranchir de nos certitudes, et de tous ces freins qu’on se met, dans tous les aspects de notre vie ?

A commencer par notre manière de travailler : avec mon associée Coline, on en est maintenant sûres, on peut trouver un rythme moins fatigant, moins frustrant, mais tout aussi productif pour nous et notre équipe.

Il y a aussi la conscience que de belles rencontres nous attendent, là ou nous sommes. Le confinement nous l’a prouvé : on a paradoxalement tissé davantage de liens avec nos voisins, les commerçants locaux, les entrepreneurs de la région, avec qui on a échangé sur la manière de bosser à distance, de communiquer… La solidarité a fonctionné à fond sur le territoire.

Chez Jho, cette période qui nous a prouvé que tout est si fragile, nous a aussi poussés à remettre en question notre offre : Jho propose des produits bio et prends soin de l’intimité des femmes… Et si on pouvait aller plus loin? Imaginer de nouveaux produits, plus locaux, encore plus éthiques ? Mener encore plus d’actions solidaires? Pour que tout soit incontestablement, simplement, naturellement, cohérent.

Allez, je vais prendre un thé sous mon cerisier, et je m’y remets ?